Galerie Michel Rein
Pariétales
Writing and painting began with figures. 1, 2, 3, 4, 5, 6, ... any number of possible numbers combining at the fingertips. On Sumerian tablets, the reed pen impressed into fresh clay the first recorded accounts that became accounts recorded: tales fixed in earth matter for posterity, ledgers of legends. These days, the nib of the reed is a stylus or the pads of our fingers. Agnès Thurnauer’s Tablettes initiate a new dialogue with language. They are paintings and they are signs signalling to us. We recognise an orange E, a green L, emerging from the white of the canvas: an alphabet implied by negative space. Letters at heart, they resonate with the Matrices sculptures and the Correspondances avec Matisse. Their contours drawn by coloured lines on the paper cut out shaped paintings in colour and open up the planar to the spatial. The Figures detach from the rectangle of the painting, whirling and spinning on the wall. They invite the wall’s whiteness to become a centrifugal force and our bodies to move around it ... 7, 8, the rhythm overbrims the vowels and composes a score like a dance traced by the paintbrush. ‘I am a prehistoric painter,’ says the artist.1 Her pictorial language performs archaic gestures, unfurling pieces of earth, of sky, of flesh that curl up in the space. Here, we find her in conversation as much with Richard Tuttle as with Giotto,2 whose angel unrolls the heavens of the Scrovegni Chapel, revealing their red underside: a piece of wall, a monochromatic hue, a fragment of painted surface, a scroll. Her Danse likewise cleaves the word in two. In the work of Agnès Thurnauer, language spools out on an infinite loop.
Marie de Brugerolle
L’écriture et la peinture commencent avec les chiffres. 1,2, 3, 4, 5, 6, … autant de nombres possibles qui se combinent du bout des mains. Sur les tablettes Sumériennes les empreintes de calame impriment dans l’argile fraiche les premiers comptes qui devinrent des contes. La pointe du roseau est aujourd’hui un stylet ou la pulpe de nos doigts. Les Tablettes d’Agnès Thurnauer inaugurent un nouveau dialogue avec le langage. Elles sont peintures et elles font signes. On reconnait un E orange, un L vert, qui se dégagent sur le blanc de la toile : un alphabet en creux. Cœurs de lettres, elles font écho aux sculptures Matrices et aux Lettres à Matisse. Leurs contours dessinés en lignes colorées sur le papier taillent dans la couleur des shaped paintings et ouvrent le plan à l’espace. Les Figures sortent du rectangle du tableau et dansent sur le mur. Elles invitent le blanc de celui-ci à faire tourbillon centrifuge et nos corps à se déplacer autour… 7, 8 le rythme déborde les voyelles et compose une partition comme une danse tracée par le pinceau. « Je suis une peintre préhistorique » dit l’artiste . Sa langue picturale performe des gestes archaïques, déroulant des morceaux de terre, de ciel, de chair qui s’enroulent dans l’espace. En cela elle dialogue autant avec Richard Tuttle que Giotto dont l’ange déroule le ciel de la Chapelle Scrovegni, montrant son envers rouge : un bout du mur, un monochrome, un morceau de peinture, un rouleau de livre. De même sa Danse fend le mot en deux. Dans l’œuvre d’Agnès Thurnauer, le langage se déploie en une boucle infinie.
Marie de Brugerolle